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PROJET
Le 18 mars prochain, la demande d'extension du cinéma
UGC Ciné Cité de Cergy le Haut (Val d'Oise) sera
examinée en Commission départementale d'équipement
cinématographique (CDEC).
UGC Ciné Cité de Cergy le Haut, qui a ouvert ses
portes en mars 2001 avec 10 salles et 2000 fauteuils, souhaite
en effet s'agrandir à 16 salles et 3 500 fauteuils.
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L'ASCUt
C'est pour faire front contre ce projet que l'Association des
spectateurs des cinémas Utopia de Saint-Ouen-l'Aumône
et de Pontoise (ASCUt) s'est constituée en octobre 2002
afin de " défendre l'existence des cinémas
Utopia et garantir leur programmation ". L'ASCUt recueille
environ 15 nouvelles adhésions chaque jour et en comptera
bientôt 1 000.
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En
défendant Utopia, l'ASCUt défend :
- un cinéma installé au cur des villes,
qui contribue à leur animation et crée du lien
social ;
- un cinéma qui remplit parfaitement sa mission culturelle
et contribue à former les spectateurs de demain, à
travers les dispositifs École et cinéma et Collège
au cinéma ;
- un cinéma indépendant qui propose une programmation
diversifiée s'inscrivant dans la durée et donnant
ainsi leur chance à des films de qualité qui ne
bénéficient pas nécessairement de gros
budgets publicitaires ;
- un cinéma qui invite au débat ;
- un cinéma qui a remporté trois fois le trophée
de la meilleure salle Art et Essai de France dans sa catégorie
;
- un cinéma qui équilibre ses comptes.
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HISTORIQUE
DU DOSSIER
Lors de la présentation du projet d'origine en CDEC,
UGC avait estimé que cette création " [permettrait]
d'enrichir et de rééquilibrer géographiquement
l'offre cinématographique, ainsi que d'intensifier la
fréquentation sur l'ensemble de la Ville Nouvelle qui
[était alors] nettement en deçà de son
potentiel. Le futur UGC se [positionnerait] en complémentarité
avec les cinémas d'art et essai existants
".
D'autre part, parmi les motifs qui avaient présidé
à l'autorisation du premier projet (10 salles et 2000
fauteuils) accordée en 1999, la Commission nationale
d'équipement cinématographique (CNEC), statuant
sur un recours déposé par le Préfet du
Val d'Oise, avait jugé que " compte tenu de sa taille
et de sa capacité, la réalisation du projet soumis
à la CNEC [n'était] pas de nature à affecter
de manière sensible l'activité des autres établissements
cinématographiques environnants ".
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CONSTAT
Or, près de deux ans après l'ouverture d'UGC Ciné
Cité de Cergy le Haut, force est de constater que :
Malgré ses déclarations d'intention, le cinéma
UGC de Ciné Cité ne s'est aucunement positionné
en complémentarité avec la programmation des cinémas
Art et Essai existants. En fait, il programme régulièrement
des films Art et Essai et en version originale, qui font la
spécificité des cinémas Utopia.
Les cinémas alentour ont en fait subi une baisse de fréquentation.
Le cinéma Utopia a vu ses entrées baisser de 8%
entre 2000 et 2001, dans une période de progression nationale
des entrées.
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LES
ENJEUX DE L'EXTENSION
On ne peut dès lors que s'inquiéter d'un projet
d'extension à 3 500 fauteuils qui ne manquerait pas d'avoir
un impact sur la fréquentation des cinémas de
centre ville de Pontoise (Utopia), de Saint-Ouen-l'Aumône
(Utopia), mais aussi de Cergy Préfecture (UGC), car il
permettrait au multiplexe Ciné Cité d'élargir
encore sa programmation aux films d'auteur et à la version
originale et entraînerait très probablement une
demande d'extension du multiplexe Pathé de Conflans.
Ajoutons à cela " l'arme fatale " de la carte
UGC ILLIMITE, sur laquelle le Conseil de la concurrence n'a
toujours pas statué, qui ne pourra que rallier un public
plus nombreux si le nombre d'écrans passe de 10 à
16.
La baisse de fréquentation qu'Utopia subirait alors remettrait
totalement en cause sa pérennité économique.
Cette fuite des spectateurs aurait immanquablement des répercussions
sur les commerces de Saint-Ouen-l'Aumône et de Pontoise.
Dans une agglomération où les hypermarchés
génèrent déjà d'importants déséquilibres
urbains au détriment du lien social, doit-il en être
de même pour les salles de cinéma, faut-il privilégier
là aussi le quantitatif par rapport à la diversité
et au qualitatif ?
En réalité dans cette bataille locale, ce sont
bien des enjeux nationaux qui se dessinent. En effet, quels
films nous seront donnés à voir lorsque les grands
groupes d'exploitation auront la mainmise sur tout le territoire
et que les cinémas indépendants auront tous jeté
l'éponge ? Puisque les salles de l'Association française
des cinémas art et essai drainent 70% des entrées
pour les premiers films français, comment se feront connaître
les jeunes auteurs ?
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L'ACTION
DE L'ASCUt
Elle est double :
Dans la perspective du 18 mars, il s'agit
- de convaincre les décideurs et les élus siégeant
en CDEC de voter contre ce projet. Forte de sa représentativité,
l'ASCUt a sollicité un rendez-vous auprès des
maires des onze communes de l'agglomération de Cergy-Pontoise
et des membres de la CDEC ;
- d'alerter les acteurs culturels institutionnels sur les stratégies
prédatrices des grands groupes d'exploitation ;
- de sensibiliser le public aux dangers réels que présente
cette demande d'extension pour les cinéphiles de la région
et pour les centres-villes de l'agglomération de Cergy-Pontoise
;
Dans une perspective moins locale, l'ASCUt pourra élargir
son action et sa communication pour
- encourager la résistance des citoyens-spectateurs au
formatage et à l'uniformisation que représentent
ces nouveaux géants de l'exploitation cinématographique
;
- mutualiser les expériences de résistance et
de soutien aux salles Art et Essai engagées par les spectateurs
;
- faire entendre le point de vue des spectateurs sur le phénomène
de concentration qui sévit dans le secteur de l'exploitation
et prive de nombreux habitants d'un cinéma de proximité.
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LES
LECONS PROVISOIRES
Alors que le groupe UGC était persuadé que les
restrictions qui avaient été apportées
à son projet d'ouverture, lors des CDEC et CNEC de 1999,
seraient oubliées.
Alors que même les dirigeants d'Utopia ne pensaient pas
avoir les forces nécessaires pour mener un combat victorieux.
Des citoyens qu'on se plaît à croire indifférents,
voire apathiques sont en train de démontrer :
Qu'il est encore possible aujourd'hui, dans notre pays, d'enrayer
un projet malfaisant pour la diversité culturelle, mais
aussi pour l'équilibre d'une agglomération.
Que l'idée selon laquelle les seules alternatives qui
nous restent sont Auchan ou Leclerc, UGC ou Pathé, Microsoft
ou
Microsoft , ne serait pas encore totalement avérée.
Que le meilleur levier démocratique reste l'action citoyenne.